DIDELOT Frédérique - INRAE
Vivre avec les bioagresseurs

Vivre avec les bioagresseurs

Réaliser la transition agroécologique pose la question de notre capacité à vivre avec les bioagresseurs. Cela nous amène à redéfinir ce qu'est la santé des plantes, pour passer d'un contexte où le risque est supprimé chimiquement à un contexte où l'agriculteur gère un système agroécologique.

Quelles seraient les conséquences, à l'échelle des territoires et des filières, d'une gestion de la santé des cultures avec peu ou pas de pesticides ? Quels génotypes ou assemblages de génotypes doit-on mettre à disposition des producteurs pour cela ? Doit-on anticiper ou favoriser des changements de cultures (espèces nouvelles, abandons, …) ? Quelles conséquences anticiper sur les niveaux et la qualité des productions ? De quelles transformations organisationnelles avons-nous besoin pour accompagner ces changements ? Finalement, peut-on produire sans pesticide (y compris sans cuivre) à large échelle, quels sont les risques encourus et les avantages espérés ?

Dans ce dossier

Photo de ruminant dans les vignes (Vitipastoralisme) © Anne Merot

L'utilisation intensive d'intrants de synthèse et la spécialisation des systèmes de production contribuent à expliquer les impacts négatifs de l'agriculture sur la biodiversité, le climat et la santé humaine. En réponse, l'agroécologie a gagné en importance dans les débats scientifiques, économiques et sociaux.

Photo de moutons dans un verger de pommiers © S. Leitenberger, adobe stock

De nombreuses études ont décrit les services fournis par l'intégration des animaux dans les systèmes de culture (traction animale, fertilité des sols, valorisation des sous-produits, …).

Microscopie plantes © Photo de Fayette Reynolds M.S, Pexels

La plupart des travaux menés jusqu'à présent dans le domaine de la santé des cultures se concentrent sur la maîtrise d’un agent pathogène d'une espèce végétale donnée. Cependant, lors du cycle cultural, une plante est rarement confrontée à une seule maladie. C’est un cortège de maladies d’origine différente qui va se développer et impacter le bon développement de la culture. Par ailleurs, de plus en plus d'éléments de la littérature mettent en avant l’existence de maladies associées elles-mêmes à des cortèges d’agents pathogènes affectant la même culture dans l'espace (co-infection ou infection simultanée) et dans le temps (multi-infection ou infection séquentielle).

Photo de vignes © wirestock, freepik

L’agriculture fait face à de nombreux défis qui poussent à innover et faire évoluer les modes de production en limitant les impacts sur la biodiversité et la santé, notamment en réduisant l’usage des pesticides.

© alken - unsplash

L’orientation vers une gestion durable de la santé des cultures nécessite, au-delà de l’élaboration de stratégies efficaces de contrôles des ravageurs, de prendre en considération les effets non-intentionnels (ENIs) de ces stratégies.

© david-maunsell - unsplash

Les résistances génétiques sont une ressource indispensable et un levier clé pour réussir la transition vers une agriculture moins dépendante de la protection chimique. La gestion de ces ressources dans les territoires reste imparfaite du fait de manques d'information, d'a priori et de controverses (cf. Lannou et al, 2020 ; séminaire transdisciplinaire résistance SuMCrop 2022). Pour faire des résistances un levier de la gestion durable des maladies, il est nécessaire d'établir un dialogue transdisciplinaire avec les acteurs des territoires agricoles et des filières.

© reskp - unsplash

Face aux défis du changement climatique, de l’appauvrissement des sols et de la stagnation des rendements, les systèmes diversifiés de culture présentent l’intérêt d’être sobres en inputs fossiles, de réduire les externalités négatives sur les écosystèmes tout en tirant profit des régulations biologiques liées à la biodiversité cultivée.

© INRAE

L’agriculture est confrontée à de multiples enjeux, parmi lesquels la réduction de la dépendance aux intrants, notamment aux pesticides, et le changement climatique (CC). Dans un cadre de transition agroécologique (TAE), se placer dans une situation d’agriculture sans pesticides permet de changer de paradigme, de développer une vision systémique de la santé des plantes et d’initier une reconception en profondeur des systèmes agricoles en misant sur la prophylaxie, la diversité végétale et les régulations biologiques.